Suisse : 8 villages de charme à explorer en été

Dans le Jura bernois, Saint-Ursanne apparaît soudainement, blottie au-dessus du Doubs, entre bois et falaises. Fondé autour de la tombe de saint Ursicinus, un moine irlandais du VII^e siècle, le village se développe au Moyen Âge. Aujourd’hui, vous entrez par une porte médiévale, flânez sous les arcades et admirez les façades aux discrets encorbellements.

L’église collégiale du XII^e siècle vous accueille dans une nef romane sobre, prolongée par un cloître en calcaire clair et aux chapiteaux finement sculptés de motifs végétaux. En traversant le pont de pierre à trois arches, vous rejoignez le parc naturel du Doubs. Vous pouvez aussi emprunter un sentier forestier qui mène à la chapelle Saint-Jean, offrant une vue imprenable sur le méandre de la rivière.

À 1 650 mètres d’altitude, sur un balcon ensoleillé de la Basse-Engadine, Guarda aligne ses bancs de pierre et ses maisons blanches aux volets verts protégées par de vastes toits en ardoise. Ce village romanche typique est l’un des mieux préservés du canton des Grisons. En parcourant la rue principale, vous observez les motifs gravés sur les façades : des proverbes, des frises végétales ou des scènes religieuses décorent les encadrements des fenêtres et les portes cochères.

Puis, un sentier de randonnée vous mène vers Ardez, vous dévoilant les alpages et les hameaux du versant sud. En chemin, vous contemplez les forêts de pins clairsemées, les prairies, les anciens séchoirs à foin et les toitures noires inclinées vers la vallée. Un régal pour les yeux !

Perché sur un éperon rocheux à 830 mètres d’altitude, Gruyères conserve son plan médiéval presque intact. Une porte fortifiée ouvre sur une rue pavée bordée de maisons aux façades ouvragées, avant de vous conduire à la terrasse du château. L’édifice, construit à partir du XIII^e siècle, fut longtemps le siège des comtes de Gruyère. À l’intérieur, vous admirez les vitraux héraldiques, la salle des chevaliers et le jardin suspendu, trésors du patrimoine fribourgeois.

Vous poursuivez votre visite avec deux musées inattendus, logés à la sortie du bourg : le Museum HR Giger, consacré à l’artiste suisse à l’origine de la créature d’Alien, et la fondation Alain Bordier, riche en statues et objets bouddhiques. Ces lieux, bien différents du château, ajoutent une tonalité inattendue à la découverte du village suisse. Vous descendez ensuite vers la plaine avec, en toile de fond, les Préalpes fribourgeoises, dominées par le Moléson qui culmine à 2 000 mètres.

À Evolène, les toits de lauze, les balcons fleuris et le mélèze noirci dessinent, sur la rive droite de la Borgne, un décor d’une rare homogénéité. Vous parcourez le village à pied, entre chalets alignés, raccards posés sur pilotis et rues étroites où l’on entend, souvent, le murmure d’un canal d’irrigation. Vous croisez aussi quelques figures du patrimoine vivant : des habitants en costume traditionnel ou des panneaux bilingues en français et patois francoprovençal.

Aux abords, plusieurs sites d’escalade sont facilement accessibles. Vous pouvez réserver une initiation ou une sortie à la demi-journée auprès de l’école locale, réputée pour ses moniteurs, ou simplement observer les grimpeurs affrontant les parois acérées de la Dent-Blanche.

À Bergün, le train rouge du Rhätische Bahn entre lentement en gare, après avoir franchi les viaducs de pierre et les tunnels hélicoïdaux de l’Albula, une ligne mythique qui relie Thusis à Saint-Moritz. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette voie ferrée se parcourt aussi à pied, depuis Preda, en suivant un sentier panoramique de 6,5 kilomètres jusqu’au village.

Dans ses ruelles étroites, vous retrouvez les caractéristiques de l’architecture engadinoise : maisons massives ornées de sgraffiti stylisés, balcons sculptés, porches voûtés. Le musée du Chemin de fer, installé dans une ancienne demeure bourgeoise, vous plonge dans l’histoire de cette ligne spectaculaire à travers des maquettes, des films, des photos et des objets d’époque.

Blotti dans une vallée encaissée de l’Oberland bernois, Kandersteg vous accueille avec ses chalets bourgeois et ses prairies d’alpage, dans un spectaculaire décor de parois calcaires. Vous flânez dans son centre et enjambez la rivière Kander, avant de prendre la télécabine vers le lac d’Oeschinen, l’un des plus beaux de Suisse. À l’arrivée, vous profitez d’une eau turquoise cernée de forêts, au pied du Blüemlisalp et de l’Oeschinenhorn.

Pour les marcheurs aguerris, la boucle jusqu’à Heuberg offre trois heures d’un itinéraire grandiose, entre corniche suspendue et vues dégagées sur tout le cirque glaciaire. En été, vous croisez marmottes, troupeaux en estive et randonneurs en quête de fraîcheur.

Accroché à un éperon rocheux surplombant le val Bregaglia, Soglio conserve l’héritage des grandes familles grisonnes du XVIII^e siècle. Les demeures patriciennes s’alignent le long d’un escalier de pierre, entre murs aveugles, portails de granit et passages couverts. Vous grimpez dans un silence presque total, juste rompu par le vent dans les frondaisons et le grincement d’un volet. Au sommet du village, l’église San Lorenzo se dresse face aux imposantes parois du val Bondasca.

Depuis Soglio, vous pouvez descendre à pied jusqu’à Castasegna, en traversant les plus grandes châtaigneraies cultivées d’Europe. Sous vos pas, le tapis de feuilles crisse, les bogues ouvertes jonchent le sol, tandis que vous passez devant d’anciens séchoirs à châtaignes, dont certains sont encore utilisés pour la torréfaction lente.