Roadtrip sur la Nationale 7

Route des vacances, route du soleil... Les surnoms ne manquent pas pour ce ruban d’asphalte de 1 000 km qui relie Paris à Menton. La Nationale 7 a le charme des paysages bucoliques qu’elle sillonne et l’attrait de son patrimoine architectural et culturel. Elle symbolise l’histoire des congés payés, la migration estivale vers la « grande bleue », et le souvenir d’une époque insouciante : les Trente Glorieuses.
Roadtrip sur la Nationale 7
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En route vers Lyon

Il faut quitter Paris à la porte d’Italie et oublier la banlieue et ses encombrements pour découvrir Fontainebleau et ses 25 000 hectares de forêt. Construit par François Ier, le château Renaissance, avec son bel escalier en fer à cheval, reste attaché au souvenir de Napoléon qui y fit ses adieux à la vieille garde. Coïncidence ? C’est l’empereur qui décida de transformer le tracé Paris-Rome en route impériale n°8, nommée par la République « nationale n° 7 » jusqu’à la frontière italienne, en 1870.

Au carrefour de l’obélisque, la route se dirige vers Nemours. Elle suit ensuite la bucolique vallée du Loing jusqu’à Montargis, surnommée la « Venise du Gâtinais » en raison de ses quelque 131 ponts et passerelles qui enjambent de multiples canaux. À une trentaine de kilomètres de là surgit Briare et son curieux pont-canal sur la Loire, une prouesse technique réalisée par la société Eiffel en 1896.

Longeant le fleuve, la nationale atteint Pouilly-sur-Loire et son mythique « Relais des 200 Bornes » au décor resté figé dans les années 1960. À Nevers, dominé par la silhouette de la cathédrale St-Cyr-et-Ste-Julitte, la route survole la Loire, dernier fleuve sauvage d’Europe.

Vient ensuite Moulins, qui s’épanouit sur les bords de l’Allier. Sa cathédrale édifiée au 15e s. recèle un chef-d’œuvre : « le Triptyque du Maître de Moulins ». Après la capitale des ducs de Bourbon, le tracé s’infléchit vers le sud-est. L’arrivée à Lapalisse laisse apparaître la haute silhouette du château Renaissance du maréchal de La Palice, mort à la bataille de Pavie en 1525, tandis que la petite cité médiévale du Crozet étage ses maisons fleuries sur les contreforts des monts de la Madeleine.

À Roanne, la nationale franchit un canal mis en service en 1838 pour acheminer notamment le charbon de St-Étienne ou Montceau-les-Mines. Si vous le pouvez, faites une halte gourmande cours de la République, dans l’un des restaurants des Troisgros. En 1464, le roi Louis XI établit des relais de poste sur la « route royale », ancêtre de la Nationale 7 : à Saint- Symphorien-de-Lay, la Tête Noire est le plus ancien de ces relais de poste. La montée du col du Pin Bouchain, point culminant de « la 7 » à 759 m d’altitude, a des allures de montagne avec ses sapins. La descente sur Tarare, capitale de la mousseline, est périlleuse. Voici les monts du Beaujolais avec leur pierre dorée. Puis la route pénètre enfin dans Lyon par Tassin-la-Demi-Lune.

Une terre de passage et de commerce historique

Porte du Midi, l’ancienne Lugdunum marie avec une grande harmonie le Moyen Âge et la Renaissance autour de sa cathédrale. Cours et traboules secrets de la Croix-Rousse font aussi sa renommée, tout comme la gastronomie. Se frotter à Lyon, c’est s’immerger dans l’histoire des premiers chrétiens, des soyeux et de la Résistance, mais c’est aussi découvrir tout un art de vivre.

La nationale s’échappe de la capitale des Gaules par le célèbre tunnel de Fourvière et descend le long de la rive gauche du Rhône, suivant le tracé de la via Agrippa empruntée par les légions romaines 2 000 ans plus tôt. Elle débouche après 30 km sur Vienne, connue pour son site antique aux ruines imposantes − temple d’Auguste et de Livie, théâtre, cité de St-Romain-en-Gal − et pour son héritage médiéval − cloître roman, cathédrale gothique et passages couverts.

De là, la nationale met le cap plein sud pour arriver à Tain-l’Hermitage, établi sur un long méandre du Rhône. Ses vignobles, répartis sur des coteaux escarpés, produisent le fleuron des côtes du- Rhône (Croze-Hermitage, Saint-Joseph, Cornas, Saint- Péray). Leur succèdent les premiers vergers de cerisiers, pêchers ou abricotiers.

Le soleil et la méditerranée au loin

C’est à Valence que le Midi débute ! Dominée par sa cathédrale romane St-Apollinaire, la cité est bâtie sur un ensemble de terrasses descendant vers le fleuve.

Toujours plus au sud, il faut franchir la Drôme avec, sur la droite, les monts du Vivarais, pour rallier Orange et ses deux prestigieux monuments romains : l’arc commémoratif et le théâtre antique.

Vient ensuite Avignon et son célèbre pont St-Bénezet. Dans la capitale du théâtre, le prestigieux palais des Papes édifié au 14e s. accueille toujours les pièces maîtresses du festival d’Avignon dans la cour d’honneur.

En bifurquant légèrement au sud-est, après 100 km sur l’ancienne via Aurelia, se dévoile l’élégante ville d’eau et d’art : Aix-en- Provence. Les platanes de son cours Mirabeau et ses multiples fontaines offrent ombre et fraîcheur aux promeneurs venus admirer les façades de ses hôtels particuliers. L’étape permet un détour-nature vers l’imposante montagne Ste- Victoire, dont Cézanne magnifia les couleurs.

Après Brignoles, labyrinthe de ruelles étroites et tortueuses clos derrière des remparts, la route mythique traverse la plaine des Maures. Impossible de ne pas remarquer au beau milieu de cèdres centenaires le village médiéval du Cannet-des-Maures, bâti sur un piton, dont les ruines de l’ancien castrum abritent une belle statue de Vierge en bois du 15e s.

Dans le Var, la nationale devient DN7. Entre St-Raphaël et Mandelieu, la traversée de l’Estérel devient époustouflante : la route serpente à travers des paysages de porphyre rouge, restés sauvages et grandioses, auxquels s’allie le bleu de la Méditerranée. Promontoires et pointes escarpées alternent avec des baies minuscules, d’étroites grèves, de petites plages ombragées ou des calanques aux murailles verticales. Malgré les incendies successifs du bord de route, pins, figuiers, oliviers, palmiers, mimosas, eucalyptus, myrtes poussent à profusion.

La route rejoint enfin, pour ne plus la quitter, la Méditerranée à Cannes. Célèbre pour son festival international de cinéma, la cité balnéaire aligne le long de sa célèbre croisette des palaces prestigieux, témoins de l’essor du tourisme aux 19e et 20e s. Ils évoquent la « Riviera » que la belle nationale longe sous le nom de D 6007. Par la baie des Anges, elle rejoint Nice, sa promenade des Anglais et sa villa Masséna, dédiée à l’histoire de la ville, ses musées Matisse ou Marc Chagall, son carnaval…

Avec Menton, ralliée à l’issue de la vertigineuse corniche des Alpes maritimes, s’achèvent les 1 000 km de la Nationale 7, la plus longue route de France, qui a inspiré le jeu des 1 000 bornes à Edmond Dujardin en 1954.

Nos conseils :

  • Prenez votre temps ! Adaptez les étapes à votre rythme, mais prévoyez au minimum 5 jours de voyage.
  • Privilégiez le printemps (les journées sont plus longues) ou le mois de Septembre. Évitez l’été en raison des bouchons, sauf si vous tenez à assister à un festival en juillet (Orange, Avignon, Lyon…) ou à une reconstitution de bouchon !

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