Roadtrip nature en Asturies, de la mer aux Picos de Europa

Filez ensuite vers l’est, en suivant l’AS-328 qui longe la Costa Verde. En chemin, vous grimpez jusqu’au cap de Peñas, point le plus septentrional des Asturies, pour profiter de splendides vues sur l’Atlantique. Encore quelques virages, un dernier repli de côte et vous arrivez à Luanco. Là, sur la plage de La Ribera, la houle reste douce, même à marée haute. Vous pouvez partir en kayak dans la baie et glisser en longeant les barques amarrées. Le soir, vous savourez des calamares de potera – spécialité locale pêchée à la ligne – dans un petit restaurant du port.

Gijón, ville portuaire moderne, marque une transition nette avec les villages marins. La plage de San Lorenzo, longue de près de deux kilomètres, trace une courbe parfaite au pied de la cité. Dès le matin, vous y croisez joggeurs, surfeurs et familles en vadrouille. De là, vous grimpez sur le Cerro de Santa Catalina pour atteindre l’Elogio del Horizonte, une sculpture en béton d’Eduardo Chillida tournée vers le large. Un lieu propice au calme.

Dans le « haut quartier » de Cimavilla, qui surplombe les quais, vous flânez entre façades colorées, petits passages et escaliers pentus bordés de tavernes. Puis, vous filez vers le jardin botanique Atlantique, un peu à l’écart. Ici, plus de 16 hectares reconstituent les écosystèmes de l’Atlantique Nord, entre mousses, chênes et plantes marines.

De retour en ville, il est temps de vous installer à El Recetario, une adresse discrète du centre historique, pour un dîner créatif aux accents asturiens. Puis, vous vous attardez près de la promenade maritime : les bars de la rue Menéndez Valdés se remplissent, les verres de cidre s’entrechoquent et les assiettes de chipirones, de petits calamars, se partagent à la nuit tombée.

Au fil des kilomètres, la route pénètre un territoire plus calme. À Villaviciosa, capitale asturienne du cidre, les collines s’ouvrent sur une mosaïque de pommeraies. Vous visitez un llagar, pressoir traditionnel, où la fermentation naturelle des pommes se fait encore en fût de chêne. La dégustation, légèrement pétillante et acide, révèle une technique patiemment transmise.

En contrebas, la ria de Villaviciosa s’étend entre vasières et prairies humides. Sur les passerelles, vous croisez parfois des ornithologues à l’affût : la réserve accueille plus de 150 espèces, dont le héron garde-bœufs et l’aigrette garzette. En été, le paddle permet d’explorer les bras tranquilles de l’estuaire jusqu’à l’embouchure. Vous pouvez pousser jusqu’à Tazones, petit port pittoresque aux maisons colorées et aux volets bleus, rouges ou verts. C’est là que Charles Quint mit pied à terre en 1517, avant de rejoindre Valladolid.

En suivant la route littorale vers l’est, les collines se resserrent entre mer et montagne. Llanes apparaît au creux d’une vallée, protégé par ses anciens remparts. Vous découvrez son centre historique, dense et animé, à pied : ruelles en arêtes, maisons blasonnées, cloître gothique de San Antolín. Sur le port, les bateaux croisent les Cubos de la Memoria, gigantesques blocs de béton peints par Agustín Ibarrola.

En partant, vous longez la Senda Costera sur quelques kilomètres jusqu’à la Playa de Borizo, lovée dans un repli rocheux. Plus loin, la Playa de San Martín se mérite par un sentier discret, bordé d’ajoncs et de pins maritimes. Le sable y reste clair, même sous les vagues, et les algues sèchent au soleil sur les pierres plates. À midi, les criques se vident : la marée remonte, les randonneurs repartent et le silence revient.

Depuis la côte, vous remontez vers les Picos de Europa jusqu’à Arenas de Cabrales, petit bourg réputé pour son fromage bleu, affiné dans les grottes naturelles des montagnes. Là, vous entrez dans la Cueva del Queso de Cabrales, une fromagerie-musée souterraine, où l’humidité donne toute sa puissance au fromage. Après la visite, impossible de repartir sans en glisser un morceau dans votre coffre.

Si vous aimez la marche, la Ruta del Cares s’impose comme un moment fort. Depuis Poncebos, un sentier sculpté dans la roche serpente au-dessus des gorges. Vous y croisez des chèvres et des randonneurs venus tôt pour éviter la chaleur. Le silence règne, seulement troublé par le souffle du vent entre les falaises. Pour la nuit, Bulnes, un hameau sans route, accessible à pied ou via un funiculaire taillé dans la montagne, vous offre une pause quasi monacale.

En redescendant vers l’ouest, la route mène à Cangas de Onís. Après avoir franchi le pont romain, orné d’une croix suspendue au-dessus du Río Sella, vous rejoignez le sanctuaire de Covadonga, à flanc de montagne. L’histoire des Asturies prend alors une dimension mystique : selon la tradition, c’est ici que les chrétiens remportèrent leur première victoire contre les Maures. Niché dans une grotte, le sanctuaire veille sur un petit étang et une très belle basilique aux pierres roses. Les plus courageux continuent vers les lacs Enol et Ercina. En période estivale, la route est réglementée. Vous l’empruntez à pied ou à vélo, en longeant les pâturages.

Dernière étape à Oviedo. Vous entrez dans la vieille ville par les rues piétonnes, cernées de bâtisses élégantes autour de la cathédrale de San Salvador. L’intérieur abrite la Cámara Santa, joyau préroman classé à l’UNESCO, où sont conservés plusieurs reliquaires d’une finesse étonnante.

Puis, vous grimpez jusqu’au Monte Naranco, où vous attendent deux chefs-d’œuvre de l’art asturien : l’église Santa María del Naranco, ancien palais du IX^e siècle, domine la vallée avec sa façade à doubles arches ; un peu plus loin, San Miguel de Lillo dévoile une architecture plus sobre, aux pierres patinées par le temps. Entre les deux sites, les points de vue rappellent les paysages parcourus : la mer et ses eaux cristallines, les vallons et les premiers sommets des Picos de Europa.