« L’Europe est devenue un carrefour mondial de la batterie, et devrait atteindre l’indépendance stratégique dans ce secteur critique », a lancé fin mars le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic. Selon lui, ces usines devraient couvrir la demande européenne à partir de 2025.
Cet objectif est bien optimiste, selon Oliver Montique, analyste pour le cabinet Fitch Solutions, qui mise plutôt sur 2040 pour la mise en place d’une « filière complète comprenant l’extraction et le raffinement des matières premières, la construction de batteries et leur utilisation par des constructeurs européens ».
Pour se démarquer de ses concurrents asiatique et américain, l’Europe compte développer des usines moins polluantes. Une nouvelle norme, en cours de discussion, pourrait imposer un approvisionnement responsable en matières premières et un recyclage optimal des batteries.
Pour développer la prochaine génération de batteries, et moins dépendre de la technologie litihum-ion, dominée par des leaders asiatiques, la Commission européenne a lancé en janvier son deuxième « projet d’intérêt commun », soit un ensemble de programmes de recherche financés à hauteur de 2,9 milliards d’euros.
Ces usines pourraient créer sur le continent 800.000 emplois, pour lesquels il faudra vite former des salariés, souligne la Commission.
Il faudra aussi que les ventes de véhicules électriques suivent, prévient Transport & Environnement. Des normes trop timides contre les émissions de CO2 freineraient l’électrification du marché et l’Europe se retrouverait en surproduction, selon l’ONG, qui demande une interdiction de la vente des moteurs essence et diesel dès 2035.
Une fois les usines en marche, il faudra les approvisionner en matières premières : les besoins en lithium devraient être multipliés par 18 d’ici 2030, selon la Commission européenne. L’industrie aura également besoin de cinq fois plus de cobalt.
Concernant le lithium, l’Europe peut compter sur de larges gisements sur son territoire (en Tchéquie ou en Allemagne, entre autres). Selon Oliver Montique, elle doit aussi « développer des accord d’approvisionnement avec les pays aux ressources abondantes, à la diplomatie favorable, et aux infrastructures solides, comme l’Australie, le Canada, le Brésil ou le Chili », histoire de « ne pas être menacée au niveau commercial ou politique ».
